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Un Québécois proche du trône de Saint Pierre !

mardi 12 mars 2013

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La Place Saint-Pierre au Vatican
Photo N. Prévost

Le cardinal québécois Marc Ouellet, né le 8 juin 1944 dans le village de La Motte en Abitibi-Témiscamingue, fait partie des cardinaux pressentis pour succéder au pape Benoît XVI (2005-2013).

Ordonné prêtre en 1968, Marc Ouellet a été archevêque de Québec et Primat du Canada de 2003 à 2010. Il a été fait cardinal en 2001 par le pape Jean-Paul II (1978-2005) et fait donc partie des actuels 115 cardinaux électeurs réunis à Rome.

Le nom Ouellet est dérivé de l’ancêtre paternel français des Ouellet d’Amérique, René Ouellet (1647-1722) orthographié aussi Hoélet ou Houâllet dans les documents de l’époque, originaire de Paris, fils de François Ouellet et d’Isabelle (Élisabeth) Barré. René Ouellet est né vers 1647 et est baptisé dans l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas à Paris, paroisse située près du Jardin du Luxembourg. Il part en Nouvelle-France en 1663 et se marie le 8 mars 1666 en l’église Notre-Dame de Québec avec une fille du roi percheronne, Anne Rivet (1635-1675), originaire du village de Briouze et de la ville de Sées (paroisse Saint-Gervais) dans l’Orne en Normandie.

Acte de mariage de René Ouellet et d’Anne Rivet le 8 mars 1666 en l’église Notre-Dame de Québec, célébré par le curé Henri de Bernières (1635-1700)
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Registre paroissial de l’église Notre-Dame de Québec
Bibliothèque et archives nationales du Québec
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Les clés du conclave

René Ouellet et Anne Rivet s’établissent ensuite sur l’Île d’Orléans, sur le territoire de la paroisse Sainte-Famille puis sur la côte de Beaupré où ils donnent naissance à trois enfants : Abraham-Joseph Ouellet (1667-1740), Mathurin-René Ouellet (1669-1719) et Grégoire Ouellet (1672-1718). Ce dernier enfant, Grégoire Ouellet, est l’ancêtre direct du cardinal Marc Ouellet.

Après la mort d’Anne Rivet le 5 avril 1675 à Château-Richer, René Ouellet se remarie le 6 février 1679 à Notre-Dame de Québec avec Marie-Thérèse Migneault (1651-1728) : ils auront 8 enfants. René Ouellet meurt le 15 janvier 1722 à Sainte-Anne-de-la-Pocatière.

On peut trouver ici une généalogie complète du Cardinal Marc Ouellet.

Quel que soit le résultat du conclave, qui débute aujourd’hui 12 mars 2013 dans la chapelle Sixtine de Rome, c’est la première fois qu’un Québécois aura été aussi près du trône de Saint Pierre !

On peut lire à ce sujet cet article du journal Ouest-France.

On peut lire aussi (ci-dessous) un très intéressant article écrit par le journaliste Christian Rioux du journal quotidien québécois Le Devoir en date du 1er mars 2013.

Et si Ouellet devenait pape..., par Christian Rioux (Le Devoir)
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Il y a quelques années, en route vers la baie James, je suis passé près du village de La Motte. Trop pressé d’arriver à Amos, je n’avais pas porté attention à cette bourgade de 439 habitants sur le bord du lac Malartic. Le clocher de sa petite église semblable à tant d’autres en Abitibi n’avait pas retenu mon attention. Je le regrette aujourd’hui.

Heureusement, un reportage de La Presse nous a récemment rappelé l’existence de cette localité qui a vu naître Mgr Marc Ouellet, aujourd’hui sur la courte liste des papabili. L’ancien archevêque de Québec y a vu le jour dans une famille de huit enfants. On sait que les chances sont grandes que ce théologien polyglotte accède aux plus hautes fonctions.

Marc Ouellet pourrait en effet offrir au conclave l’occasion d’élire un pape qui ne serait pas européen. Un historien des religions me disait cette semaine que Ouellet était parmi les candidats qui pourraient se glisser entre deux Italiens, comme l’avait fait Jean-Paul II à son époque. De plus, le cardinal est un Nord-Américain sans venir des États-Unis. On voit mal comment une Église en pleine expansion en Afrique, en Asie et en Amérique latine pourrait se donner un pape issu de la première puissance du monde. Et puis, Ouellet a été missionnaire en Colombie. Or La Motte n’est-elle pas à sa façon l’extrême nord de l’Amérique latine ?

Dans le reportage de La Presse, il était frappant de découvrir que pratiquement aucun des lieux qui ont vu grandir Marc Ouellet n’avait subsisté. La maison natale du cardinal a été détruite. L’école de rang qu’il a fréquentée est aussi disparue. L’église, elle, n’a survécu que de justesse. En 2001, elle a été sauvée in extremis de la destruction lorsque la municipalité l’a rachetée pour la somme symbolique d’un dollar. On en a fait un centre communautaire. Les bancs et les confessionnaux ont été vendus. Seul le chœur fut préservé. Il est aujourd’hui dissimulé derrière un rideau. Un curé itinérant vient y dire la messe tous les 15 jours.

À Wadowice, où est né Jean-Paul II, on peut pourtant visiter la maison natale de Karol Wojtila, son école primaire devenue la mairie, son ancien lycée et la cathédrale où il a fait sa première communion. À Marktl, où est né Benoît XVI, on peut aussi admirer la maison où il a vu le jour et les fonts baptismaux où il reçut les premiers sacrements. À La Motte, on se croirait dans cette scène célèbre du film de Denys Arcand, Les invasions barbares, où un curé interprété par le grand Gilles Pelletier vend à vil prix le patrimoine religieux du Québec à des clients américains.

Difficile de trouver une illustration plus dramatique de la façon dont le Québec moderne continue de faire table rase de ses origines. On se souviendra du tollé qu’avait pourtant suscité à l’automne 2010 le témoignage de Marc Ouellet à la commission Bouchard-Taylor. Or, que disait-il de si scandaleux ? Que le Québec était en « quête de sens » et vivait une grave « crise des valeurs ». Selon lui, le « vrai problème des Québécois » était « le vide spirituel créé par une rupture religieuse et culturelle » et « une perte substantielle de mémoire ».

Marc Ouellet désignait évidemment la « crise de la famille », mais aussi celle de « l’éducation ». Sans nécessairement partager ni les solutions ni la foi du cardinal, on peut néanmoins reconnaître que son constat n’était pas très loin de la vérité. Marc Ouellet a dit dans les mots d’un croyant ce que chaque citoyen, de droite ou de gauche, est à même de constater, à La Motte et ailleurs. Certes, notre cardinal rêve d’une réévangélisation du Québec. Comment l’en blâmer ? Mais d’autres qui dressent un constat semblable réclament plutôt que l’on s’éloigne des sirènes pédagogiques pour redonner du contenu à l’éducation ou que les Québécois renouent avec une histoire qui n’a pas commencé en 1960.

Quatre mois après avoir témoigné à la commission Bouchard-Taylor, Marc Ouellet aura aussi eu le toupet de rappeler l’opposition de l’Église à l’avortement quelles que soient les circonstances. Des propos somme toute banals dans la bouche d’un représentant de l’Église et qui seraient passés inaperçus dans n’importe quel autre pays. Cela lui vaudra chez nous d’être traité de « salopard » dans un grand quotidien de Montréal où l’on ira jusqu’à lui souhaiter de mourir après « une longue et pénible maladie ».

Quelle ironie ce serait de voir ce cardinal si mal aimé accéder au trône de saint Pierre alors même que le Québec prétend s’être totalement détaché de l’Église. Cette insistance est pourtant suspecte. Le désamour persistant entre Mgr Ouellet et le Québec nous en révèle peut-être plus sur notre propre sensibilité à fleur de peau que sur ce cardinal conservateur qui, malgré les désaccords qu’on peut avoir avec lui, ne choque personne hors de nos frontières. Marc Ouellet n’est peut-être pas le plus grand diplomate du monde, peut-être la forme de ses critiques laissait-elle à désirer, mais il avait raison de dire que nous n’avons toujours pas réglé notre contentieux avec l’Église ni comblé le vide qu’elle a laissé.

Il suffit de visiter La Motte pour s’en convaincre.

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