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Les Antilles et la Guyane

vendredi 4 septembre 2009, par Hendy Abdoul-Déchelotte, Nicolas Prévost

La Guadeloupe

Situation géographique et population

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La Guadeloupe est en réalité un archipel de 1 779 km², constitué de six groupes d’îles :

  • la Guadeloupe « continentale », d’une superficie de 1 438 km2, composée de Basse-Terre à l’Ouest et Grande-Terre à l’Est ;
  • La Désirade ;
  • Les Saintes ;
  • Marie-Galante ;
  • Saint-Barthélémy ;
  • Saint-Martin (île partagée depuis 1648 entre la France et les Pays-Bas).

D’après les résultats du recensement de mars 1999, la population de la Guadeloupe s’élève à 422 496 habitants avec une densité de 248 habitants au km². La ville la plus peuplée est Pointe-à-Pitre, mais la préfecture se trouve à Basse-Terre.

L’origine de la Guadeloupe

Vers 300 après Jésus-Christ, la Guadeloupe est peuplée par les Indiens Arawaks, un peuple pacifique venu du bassin de l’Orénoque (actuel Vénézuela), vivant de l’agriculture et de la pêche. Ces derniers sont décimés par les Indiens Caraïbes, également originaires de la région du Vénézuela, autour du VIIIème siècle. L’île s’appelle alors « Karukéra », l’île « aux belles eaux ».

Christophe Colomb aborde l’île en novembre 1493 et la baptise Guadeloupe en référence à un monastère d’Estrémadure. Au cours XVIème siècle, les Espagnols essayent de conquérir l’île mais sont repoussés par les Indiens Caraïbes.

Une colonie basée sur l’esclavage

Au XVIIème siècle, sous le cardinal Richelieu, la Compagnie des Isles d’Amérique est créée par des marchands français. Liénard de l’Olive et Duplessis d’Ossonveille, mandatés par la compagnie, prennent possession de l’île le 28 juin 1635 et chassent les indiens.

Charles Houel, gouverneur de la Guadeloupe de 1643 à 1664, fonde la ville de Basse-Terre, devient propriétaire de l’île qu’il rachète à la Compagnie des Isles d’Amérique et reçoit de Louis XIV le titre de Marquis de Guadeloupe.

C’est vers 1644 que la vocation économique de l’île se dessine avec la culture de la canne à sucre. Cette culture demande une importante main d’œuvre : les Africains réduits en esclavage sont amenés dans les plantations.

En 1674, la Compagnie est supprimée. L’île, rattachée directement au pouvoir royal, devient colonie du royaume. En 1685, est proclamé le Code noir qui régit l’esclavage dans les colonies françaises.

De la Révolution à l’abolition de l’esclavage

Le XVIIIème siècle est marqué par les guerres avec l’Angleterre pour la conquête des îles caribéennes.

En 1759, pendant la guerre de Sept ans (1756-1763), la Guadeloupe est occupée par les Anglais qui fondent le port de Pointe-à-Pitre. En 1763, le traité de Paris met fin à la guerre et restitue la Guadeloupe et la Martinique à la France.

La période révolutionnaire est, pour la Guadeloupe, une époque agitée. L’île est occupée en 1794 par les Anglais mais aussitôt reprise par Victor Hugues, commissaire de la Convention, qui proclame l’abolition de l’esclavage. Mais en 1802, le général Richepance vient, sur ordre de Bonaparte, rétablir l’esclavage et réprimer le soulèvement du chef de bataillon Louis Delgrès. Ce n’est qu’en 1848, sur proposition du député Victor Schœlcher, que l’esclavage est définitivement aboli.

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La Martinique

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Contrairement à la Guadeloupe, la Martinique se compose d’une seule île, d’une superficie de 1 128 km². Au recensement de 1999, la population martiniquaise est de 381 427 habitants (contre 359 600 en 1990 et 328 600 en 1982). Cette population est très dense, 338 habitants au km², contre 106 au niveau national.

Une île à sucre

La première date de l’histoire « officielle » de la Martinique est l’arrivée de Christophe Colomb, en 1502, le jour de la Saint-Martin. Appelée Madinina, « l’île aux fleurs » ou Jouanacaera, « l’île aux iguanes », la Martinique devient française en 1635, et est gérée par la Compagnie des Isles d’Amérique, créée par Richelieu. La cohabitation entre les Français et les Indiens Caraïbes est difficile et aboutit au départ des Caraïbes à la fin du XVIIème siècle.

Le Normand Pierre Belain d’Esnambuc s’établit à la Martinique le 1er septembre 1635 avec une centaine de compagnons. Il débarque à l’embouchure de la rivière Roxelane, sur le site de l’actuelle commune de Saint-Pierre, où est fondée la ville du même nom, première capitale de l’île. La Martinique est alors une terre française administrée et exploitée à but commercial. Le développement de la culture de l’indigo, du café puis, au fur et à mesure de la conquête de terres arables aux dépens des Caraïbes, de la canne à sucre, s’accompagne de la mise en place d’un système économique basé sur l’esclavage.

L’administration de la Martinique est assurée à partir de 1679 par un conseil souverain dont deux membres émanent directement de l’autorité du Roi : le lieutenant général, et l’intendant. Les autres membres conseillers (le gouverneur, le procureur général et le juge ordinaire) sont choisis par leurs soins. Cette organisation durera jusqu’en 1685, année de promulgation du Code Noir.

Le Code Noir

Le Code Noir, promulgué à l’initiative de Colbert, ministre des Finances de Louis XIV, est destiné à réglementer l’esclavage dans la colonie en donnant un statut spécial et légal au système sur lequel repose l’économie de la colonie. Les esclaves sont définis comme des biens mobiliers, certains sévices sont interdits tandis que d’autres sont institutionnalisés. Sur le plan des institutions locales, l’administration des colonies est marquée par la suprématie de l’autorité militaire, qui, en raison de l’éloignement de la France, concentre en son sein l’ensemble des pouvoirs. Dès 1674, le Roi retrouve ses prérogatives et met en place un gouvernement militaire unique pour les colonies de la Caraïbe, qui réside en Martinique.

Pendant la période révolutionnaire, l’occupation anglaise, qui dure de 1794 à 1802, marque pour la Martinique un retour à l’Ancien Régime. Rendue par l’Angleterre à la France, la Martinique ne connaît pas les bouleversements de la Guadeloupe de 1794 et 1802, l’esclavage se perpétuant jusqu’en 1848.

Victor Schœlcher et l’abolition

Le 24 février 1848, la monarchie de Juillet est renversée et la Deuxième République est proclamée. François Arago, ministre de la Marine et des colonies, admet la nécessité d’une émancipation des Noirs, mais souhaite ajourner cette question jusqu’au gouvernement définitif.

Sous l’intervention pressante de Victor Schœlcher, sous-secrétaire d’État aux colonies, une série de décrets est promulguée le 27 avril 1848. Le premier abolit l’esclavage mais prévoit un délai de 2 mois à compter de sa promulgation dans la colonie. Il prévoit en outre une indemnisation des anciens propriétaires d’esclaves.

Dans le même temps, en Martinique, le ton monte. Des troubles éclatent sur les habitations de l’île, les esclaves, ayant eu vent de ce qui se trame en métropole, ne souhaitant pas attendre. C’est la révolte, qui trouve son point culminant les 22 et 23 mai 1848 avec la lutte armée des esclaves de Saint-Pierre. Sans tenir compte du délai initialement prévu de deux mois pour leur application, les décrets entrent immédiatement en vigueur. L’éruption de la Montagne-Pelée

En 1902, la Montagne Pelée, le grand volcan de la Martinique, se réveille. Les autorités sous-estiment le danger et n’ordonnent pas d’évacuation de la zone à risques. Pourtant, le 8 mai, l’éruption se produit : la ville de Saint-Pierre, le « petit Paris des Antilles » est entièrement détruite, entraînant la mort de près de 30 000 personnes, par asphyxie, brûlure ou étouffement. Seuls deux habitants survivent, dont un prisonnier. Cette éruption volcanique est l’une des plus meurtrières de l’histoire.

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Haïti

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Carte de l’Ile de Saint-Domingue par Guillaume Delisle (1725)

Situation géographique et population

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L’île d’Haïti (appelée également île de Saint-Domingue et île d’Hispaniola) se trouve à l’entrée du golfe du Mexique, à proximité de Cuba. Elle est aujourd’hui partagée entre deux États : Haïti (francophone) et la République dominicaine (hispanophone). Haïti, dont la capitale est Port-au-Prince, occupe le tiers occidental de l’île et s’étend sur une superficie de 27 750 km². Elle est peuplée d’environ 7,1 millions d’habitants.

Christophe Colomb et l’île d’Hispaniola

Découverte par Christophe Colomb en 1492, l’île d’Hispaniola devient tout de suite un des éléments-clé de l’empire espagnol. Les populations amérindiennes sont rapidement décimées, notamment en raison des épidémies apportées par les conquérants espagnols.

L’île de la Tortue et la naissance de Saint-Domingue

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À partir du XVIIème siècle, sur la partie occidentale de l’île (aujourd’hui Haïti) arrivent les premiers Français. Au début, ce sont des boucaniers, des flibustiers qui font de la guerre de course et sont basés à l’île de la Tortue, au Nord.

Sous Louis XIV, avec Colbert, on installe définitivement la présence française sur cette partie de l’île : en effet, en 1697, par le traité de Ryswick, l’Espagne reconnaît à la France la possession de la partie occidentale d’Hispaniola, qui devient Saint-Domingue.

Une intense exploitation esclavagiste

Comme dans les Antilles françaises, les colons font appel à une très importante main d’œuvre africaine. Saint-Domingue devient au XVIIIème siècle la colonie la plus rentable de l’empire colonial français, avec une économie fondée essentiellement sur la canne à sucre, le coton et le café. Sur 600 millions de francs-or que rapportent les colonies, 400 millions viennent de Saint-Domingue. En 1789, sur les 571 000 habitants de cette île, il y a 510 000 esclaves noirs.

Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti

Timbre de la République d'Haïti édité en 2003 commémorant les 200 ans de la mort de Toussaint Louverture

En 1789, la Révolution française éclate, et se donne pour principes d’amener en France et dans le monde la liberté, l’égalité et la fraternité. En 1791, François Dominique Toussaint, surnommé Toussaint-Louverture, ancien esclave devenu régisseur de domaine, mène une révolte de masse pour la liberté, au nom des principes de la Révolution française. Cette révolte aboutit à la victoire des esclaves. Haïti se sépare alors de la métropole. En février 1793, la Convention abolit l’esclavage dans les colonies. Sensible à ce geste, Toussaint Louverture se rapproche de la métropole.

Le 8 juillet 1801, devenu Consul général de Saint-Domingue, Toussaint-Louverture promulgue une constitution qui promeut l’égalité de tous les hommes. On peut citer notamment :

  • l’article 1 : « Saint-Domingue [et toutes se dépendances] forment le territoire d’une seule colonie, qui fait partie de l’empire français, mais qui est soumise à des lois particulières. »
  • l’article 3 : « Il ne peut exister d’esclaves sur ce territoire, la servitude y est à jamais abolie. Tous les hommes y naissent, vivent et meurent libres et Français. »
  • l’article 4 : « Tout homme, quelle que soit sa couleur, y est admissible à tous les emplois. »

Malheureusement, Napoléon Bonaparte, certainement trop préoccupé par les affaires européennes (la vente de la Louisiane a lieu à la même période), ne s’investit pas dans cet extraordinaire projet d’émancipation des peuples : en 1802, subissant diverses influences, il rétablit l’esclavage dans les Antilles françaises et envoie alors une expédition contre Haïti. Les armées napoléoniennes gagnent militairement. Toussaint-Louverture est capturé et exilé au Fort de Joux (Jura), où il meurt le 7 avril 1803.

Devant l’échec du projet de Toussaint, son lieutenant Jacques Dessalines décide d’opter pour une solution radicale, la séparation totale d’avec la France. Le peuple haïtien se révolte donc une deuxième fois et Dessalines remporte la bataille de Vertières le 19 novembre 1803 : le général Rochambeau capitule et retourne en France. Un Acte d’indépendance est rédigée, et le 1er janvier 1804, dans la ville des Gonaïves : la première « République noire » est enfin proclamée. La devise nationale d’Haïti devient « Liberté, Égalité, Fraternité », à laquelle on ajoute sur la drapeau « L’Union fait la force ».

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Billet de 20 gourdes commémorant le bicentenaire de la Constitution de Toussaint-Louverture
Source : www.banknoteworld.com

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La Guyane française

Situation géographique et population

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La Guyane française se trouve au Nord-Est de l’Amérique du Sud, entre le Suriname et le Brésil. Ce département, d’une superficie de 86 504 km², est limité :

  • au Nord, par la côte qui, dans son ensemble, est plate et marécageuse et formée de terrains sédimentaires récents ;
  • à l’Est, par le fleuve Oyapock, entre la Guyane et le Brésil ;
  • à l’Ouest, par le fleuve Maroni, séparant la Guyane du Suriname ;
  • au Sud, la frontière avec le Brésil est matérialisée par la ligne de partage des eaux avec le bassin de l’Amazone.

En 2009, la Guyane compte 221 500 habitants. La population de Guyane, qui augmente fortement, est caractérisée par sa très grande diversité :

  • les Créoles guyanais, environ 40 % de la population ;
  • les Amérindiens, répartis en six ethnies (les Arawaks, les Palikus, les Galibis, les Wayanas ou Roucouyennes, les Oyampis ou Wayampis, et les Emerillons), qui représentent environ 4 500 personnes ;
  • les Noirs-marrons (les Saramacas, les Bonis ou Aluqus, les Djukas ), qui représentent environ 4 000 personnes ;
  • les H’mongs, arrivés en 1977, qui représentent environ 2 000 personnes regroupées sur les communes de Cacao et Javouhey ;
  • les Métropolitains, qui représentent actuellement environ 12% de la population ;
  • les autres populations (Chinois, Libanais, Brésiliens, Haïtiens, Surinamiens), qui représentent près de 40% de la population de Guyane.

Le développement d’une colonie française en Amazonie

Les premiers habitants de la Guyane sont les Amérindiens Tupi Guarani. Cayenne est fondée en 1637. Le nom de la ville serait celui du fils du roi Cépérou, chef des amérindiens Galibis : la légende raconte que Cayenne aurait réussi à franchir une rivière, monté sur un taureau, et que pour le récompenser, son père donna son nom au village situé au pied de la colline où il vivait. Sous l’impulsion des jésuites, au début du XVIIIème siècle, la colonie amazonienne se développe à partir de la prospection des forêts, de l’établissement de plantations et de l’exploitation du sous-sol. Mais toutes les tentatives de colonisation échouent.

Le bagne de Cayenne

En 1852, Napoléon III décide le transfert du bagne en Guyane. La découverte, en 1855, de gisements aurifères provoque une ruée vers l’or et l’abandon du travail de la terre par les colons. Grâce à l’action énergique de Gaston Monnerville, le gouvernement français met fin en 1938 à la relégation des bagnards à Cayenne. Le bagne est définitivement supprimé en 1945. Un an plus tard, la Guyane devient un des quatre départements français d’Outre-mer.

Le programme aérospatial

En 1989, l’État, avec le concours des collectivités locales et celui du Centre National d’Études Spatiales (CNES), met au point un ambitieux programme de développement régional, le plan PHEDRE (Partenariat Hermès pour le Développement Régional), afin de mieux intégrer dans ce département les activités spatiales à venir : la fusée Ariane V. L’image de la Guyane d’aujourd’hui est intimement liée à ces activités de très haute technologie.

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La départementalisation de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane

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Timbre émis par La Poste à l’occasion des 50 ans des Départements d’Outre-Mer

Le 12 février 1946, les députés des quatre « vieilles colonies » déposent devant l’Assemblée nationale constituante une proposition de loi rapportée par Aimé Césaire, député de la Martinique, portant modification du statut colonial.

Mesdames, Messieurs,

Les propositions de loi qui vous sont soumises ont pour but de classer la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion et la Guyane française proprement dite en départements français. [...]

À l’heure où, çà et là, des doutes sont émis sur la solidité de ce qu’il est convenu d’appeler l’empire, à l’heure où l’étranger se fait l’écho des rumeurs de dissidence, cette demande d’intégration constitue un hommage rendu à la France et à son génie, et cet hommage, dans l’actuelle conjoncture internationale, prend une importance singulière.

Aimé Césaire, discours à l’Assemblée nationale, 12 mars 1946

Le 14 mars 1946, l’Assemblée nationale décide à l’unanimité d’ériger en départements français les quatre colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et de la Réunion. La loi entre en vigueur le 19 mars de la même année.

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