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Jacques Cartier, François Ier et le Canada

samedi 7 novembre 2015, par Nicolas Prévost

Ce texte reprend la communication de Nicolas Prévost donnée à Loches pour le colloque consacré à François Ier. Il est accessible également en vidéo en cliquant sur ce lien : http://www.frontenac-ameriques.org/conferences-et-colloques/article/nouvel-article

Jacques Cartier (1491-1557) représente pour la France le grand découvreur, sans doute le marin français le plus célèbre de la Renaissance et qui a fait entrer la France dans cette grande aventure. Il est aussi considéré dans l’historiographie romantique québécoise et française comme le « découvreur du Canada », donnant au roi François Ier une place parmi les grands souverains qui ont contribué aux grandes découvertes.

La politique de grandes découvertes

Au début de son règne, François Ier, afin de s’assurer la liberté de commerce avec les Indes, et pour contrer Charles Quint, développe une politique fondée sur une double stratégie. Le Roi Très-Chrétien cherche le soutien de l’Empire ottoman et établit des relations diplomatiques avec lui. Il poursuit des objectifs tout à la fois stratégiques et commerciaux. Il veut également développer le commerce vers l’Asie passant par les routes traditionnelles en négociant des accords marchands préférentiels avec les ports du Levant sous domination ottomane. L’autre aspect est le souci de François Ier de pouvoir disposer d’une route alternative indépendante de toute tutelle étrangère, sans passer par Constantinople et affirmer les droits de la France outre mer face aux Espagnols et aux Portugais, qui ont pris une sérieuse avance. Il pense surtout envoyer plusieurs missions maritimes d’exploration à la recherche du « passage du Nord-Ouest ». C’est ce qui sera la mission de Jacques Cartier.

A l’avènement de François Ier, la France a en effet du retard dans l’exploration des Amériques, largement supplantée par l’Espagne et le Portugal. Ce retard n’a a priori pas de raisons valables. Certes pays continental, la France dispose néanmoins de puissantes façades maritimes très ouvertes, avec des ports en grand nombre (Le Havre, La Rochelle, Dieppe) et de très bons marins. Mais, empêtrée dans les guerres d’Italie, la France est en outre menacée d’encerclement par les territoires administrés par Charles Quint.

François Ier n’est en outre pas insensible à l’attrait du nouveau monde. Magellan découvre le passage vers l’Asie en 1520 mais en passant par le Sud. La France souhaite alors découvrir le passage plus au Nord, un détroit qui mènerait directement à la mer de Chine. En effet, après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, tous les Européens dans leur ensemble souhaitent découvrir de nouvelles routes menant vers la Chine et l’Inde.

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Portrait de François Ier par Jean Clouet
Musée du Louvre, Paris

La diplomatie de François 1er a fort à faire, car la considérable avance ibérique est confirmée par des traités rédigés avec le soutien de la papauté pour confirmer cette avance sur les autres nations. Dès le 21 juin 1481, la bulle « Aeterni regis » promulguée par le pape Sixte IV (1471-1484) établit un premier partage du monde entre Espagne et Portugal. Elle est remplacée le 4 mai 1493 par la bulle « Inter Caetera » promulguée par le pape Alexandre VI Borgia (1492-1503), lui-même né en Espagne près de Valence. Selon lui, les terres nouvelles situées à l’ouest et au sud d’un méridien à 100 lieues (418 km) de l’archipel des Açores doivent être évangélisées et donc conquises par les Espagnols, les autres par les Portugais. Un an plus tard, en 1494, le traité de Tordesillas est approuvé par le même pape Alexandre VI et confirme le partage des nouvelles terres entre l’Espagne et le Portugal, en modifiant légèrement la ligne de partage. François Ier est mécontent, surtout que circule à l’époque l’idée « qu’après Dieu, l’Amérique n’appartient qu’à l’Espagne ». En 1540, il déclarera notamment à l’envoyé de Charles Quint de l’ordre d’Alcantara, alors que Cartier a déjà fait ses deux voyages : « Est-ce déclarer la guerre et contrevenir à mon amitié avec sa Majesté que d’envoyer là-bas mes navires ? Le soleil luit pour moi comme pour les autres. Je voudrais voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde. » Alors qu’il est empêtré dans ses guerres avec Charles Quint, il fait donc admettre par le pape Clément VII (1523-1534), lors de l’entrevue du 12 octobre 1533 à Marseille, que la bulle de 1493 partageant des terres entre l’Espagne et le Portugal ne concernait que les terres connues, pas celles à découvrir.

Jean de Verrazano

Le roi de France, grâce au financement de banquiers florentins de Rouen, et après les voyages en bateau des capitaines dieppois Jean Ango (1480-1551) et Jean Cousin à Terre-Neuve, confie en 1524 à Jean de Verrazano, la mission de trouver ce passage. Giovanni da Verrazano est né sans doute à Florence en 1485 (une plaque y rappelle « l’audace scopritore della Nuova Francia »), il vit un certain temps à Lyon et voyage au Proche-Orient avant d’offrir ses services au roi de France pour un voyage au nord du Mexique afin de découvrir un passage vers la Chine.

Le départ a lieu en juin 1523 de Dieppe sur La Dauphine. En janvier 1524, Verrazano part explorer les côtes américaines de Virginie jusqu’à Terre-Neuve. Il baptise Arcadie la future péninsule acadienne, et nomme tout cet endroit Francescana. L’explorateur acquiert la certitude que l’Amérique n’est pas un archipel, comme l’a aussi dit Amerigo Vespucci, ni un prolongement de l’Asie ni de l’Afrique, mais bien un continent dont il explore aussi la future baie de New York en avril 1524, qu’il nomme Angoulême en l’honneur du roi (premier nom de New York, avec entre les deux, la Nouvelle-Amsterdam). Aujourd’hui, un des principaux ponts de New York porte le nom de Verrazano. L’explorateur ne trouve toutefois pas d’or ni bien sûr le détroit conduisant en mer de Chine. Mais, de retour à Dieppe en juillet 1524, il remet à François Ier la relation de son voyage : ce texte est notamment la plus ancienne source ethnologique sur les Indiens d’Amérique. En 1525, il repart et aborde les Antilles, mais il disparait, sans doute victime d’anthropophages. Ceci clôt ces premières explorations, d’autant que François Ier est la même année 1525 fait prisonnier lors du désastre de Pavie, et ne se préoccupe donc plus guère de ces expéditions lointaines.

Il faut attendre 1532 pour que Jean Le Veneur de Tillières, évêque de Lisieux (de 1505 à 1539), grand aumônier de France (de 1526 à 1543) et également abbé du Mont-Saint-Michel (de 1524 à 1539), propose à François Ier une nouvelle expédition vers le Nouveau Monde, qu’il souhaite voir confier à Jacques Cartier, dont il connaît des membres de la famille voisine à Saint-Malo. Il fait valoir que ce marin connaitrait déjà les côtes du Brésil et Terre-Neuve. Un document de 1532 présente à François Ier les états de service de Cartier et juge fondées ses prétentions à « conduire des navires à la découverte de terres neuves dans le Nouveau Monde ».

Jacques Cartier au Canada

L’ordre du roi François Ier, daté de mars 1534, et cité par l’historien québécois Lionel Groulx (1878-1967), nous éclaire sur l’objectif du voyage : « Descouvrir certaines ysles et pays où l’on dit qu’il se doibt trouver grant quantité d’or et autres riches choses ». Il confie alors à Jacques Cartier le soin de fonder un établissement français permanent. La Relation de 1534 nous indique un second objectif : la route de l’Asie. Ce voyage n’a par contre pas de préoccupation missionnaire, comme le dit le même Lionel Groulx dans son livre La découverte du Canada : « L’or, le passage à Cathay ! S’il y a une mystique en tout cela, pour employer un mot aujourd’hui tant profané, c’est une mystique de commerçants, derrière laquelle se profile une rivalité politique. La fièvre de l’or, comment ces Français auraient-ils pu y échapper ? Ne sont-ils pas encore à l’heure où le mal touchait au paroxysme, et où un Jean Alphonse, futur pilote de Roberval, croyait encore à une ville de Cibola aux maisons "toutes couvertes d’or et d’argent" et située à 35 degrés du pôle arctique. » Il faut d’ailleurs savoir que trouver le passage vers la Chine reste une constante même après le début de la colonisation de la Nouvelle-France : ainsi, même Robert Cavelier de la Salle, à la fin du 17ème siècle, lors de ses expéditions dans la future Louisiane, cherchait le chemin menant vers ce pays, c’est d’ailleurs pour cela qu’une localité, maintenant arrondissement de la ville de Montréal, porte le nom de Lachine.

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Trajets de Jacques Cartier en Amérique du Nord
Encyclopædia Universalis

Le premier voyage

Le 20 avril 1534, à Saint-Malo, avec deux navires et 61 hommes d’équipage, Jacques Cartier quitte le port avec « avec un bon temps naviguant » et il arrive à Terre-Neuve le 10 mai, soit seulement 20 jours plus tard. Il en longe les côtes, bifurque au sud par l’actuel détroit de Belle-Isle, et se dirige vers le continent quelque part au Sud de la Baie des Chaleurs. En remontant vers le Nord, il rencontre des Micmacs qui ne semblent pas étonnés de voir des Européens, ils troquent avec eux des fourrures contre des objets. Le 24 juillet 1534 se produit un événement important et symbolique : Jacques Cartier érige à Gaspé, au bout de la péninsule de Gaspésie, sur la pointe Penouille, une croix de neuf mètres de hauteur avec un écriteau portant la mention « Vive le roi de France ». A ce moment-là, Jacques Cartier repart en France en emmenant avec lui les fils du chef indien Stadaconé Donnacona, rencontrés à Gaspé, en promettant qu’ils reviendront l’année suivante et pourront servir d’interprètes. Cartier repart vers l’île d’Anticosti, à travers le golfe du Saint-Laurent, puis repasse par le détroit de Belle-Isle pour mettre le cap vers la France. Après une agréable traversée de 20 jours seulement, l’équipage arrive à Saint-Malo le 5 septembre.

Le 2ème voyage

Le roi François Ier est partiellement déçu et considère donc qu’un 2ème voyage est justifié. D’autant plus que les fils de Donnacona, Domagaya et Taignoagny, parlent en France d’un immense fleuve suivi de mers, qui pourraient bien être le passage tant recherché vers la Chine.

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Plaque en la cathédrale de Saint-Malo
Photo : N. Prévost

Jacques Cartier rassemble donc un nouvel équipage de 110 hommes en appareillant trois navires : la Grande Hermine, la Petite Hermine et l’Émerillon. Les deux Amérindiens sont du voyage, ils ont appris le français mais, selon différentes sources, n’ont pas été baptisés. Ils donnent des indications très précieuses pour le voyage. Le départ a lieu le 19 mai 1535, avec une traversée cette fois-ci très pénible, « le temps se tourne en ire et en tourmente ». Les trois navires n’arrivent que le 26 juillet dans le détroit de Belle-Isle entre Terre-Neuve et le Labrador.

Le 10 août, Jacques Cartier s’engage dans le fleuve « où jamais homme n’avait été au bout », qui pourrait être le fameux détroit menant en Chine. Le 10 août, c’est aussi le jour de la Saint-Laurent, Cartier décide de nommer ce bras de mer « fleuve Saint-Laurent » (au début seulement le golfe, puis tout le fleuve). Il y rencontre les peuples iroquois, qui peuplent à l’époque, et sans doute depuis le 13ème siècle, toute la vallée du Saint-Laurent. Ils sont bien accueillis avec chants et danses. Les Iroquois de la vallée du Saint-Laurent sont répartis en trois royaumes : celui, légendaire, du Saguenay, que Cartier n’a pas le temps d’explorer, celui du Canada, ayant pour capitale Stadaconé ou Kébec, et enfin celui d’Hochélaga, le plus important. Après une étape à Stadaconné, à Sainte-Croix, où il retrouve Donacona, Cartier remonte jusqu’à Hochélaga où il est très bien accueilli, reçu même quasiment comme un demi-dieu auquel les Amérindiens demandent « guérison et santé ». Cartier se rend alors sur un mont qu’il nomme Mont Royal en l’honneur du roi de France. Cartier revient ensuite à Stadaconné mais l’accueil par Donacona est moins bon car le chef était fâché que Cartier aille jusqu’à Hochélaga. Les Européens y passent l’hiver et sont bientôt tous atteints du scorbut sauf quelques-uns d’entre eux dont Cartier lui-même. 25 en meurent, d’autres sont sauvés par une « potion » iroquoise. Rentrant en France, il amène avec lui Donacona, ses deux fils et sept autres Amérindiens en France. Ce 2ème voyage est lui une vraie réussite car Cartier a exploré en profondeur le Saint-Laurent, il a montré que Terre-Neuve était une île, a survécu à l’hiver, ramène un peu d’or qui proviendrait du mystérieux royaume de Saguenay. Après un passage aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon, il revient à Saint-Malo le 16 juillet 1536. Ce qu’on nomme la « découverte du Canada » est donc avant tout ce 2ème voyage, de loin le plus abouti.

Dès son retour en France, Cartier présente un rapport à François Ier : il lui parle d’une rivière de 800 lieues qui peut conduire à l’Asie et fait témoigner Donnacona qui en rajoute sur le sujet. Le roi, très enthousiaste et intéressé par l’or rapporté, lui donne la Grande Hermine.

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Jacques Cartier remonte le Saint-Laurent, par Théodore Gudin (1802-1880)
Musée du Château de Versailles

Le 3ème voyage

Toutefois, en raison de la guerre qui éclate entre François Ier et Charles Quint à propos du duché de Milan, la nouvelle expédition est reportée. Heureusement, le roi et l’empereur signent la paix de Nice en 1537 et se réconcilient lors de l’entrevue d’Aigues-Mortes en 1538. Le roi est alors davantage disponible pour redonner de l’élan aux explorations nord-américaines. Le 17 octobre 1540, le roi délivre à Jacques Cartier une commission pour un troisième voyage. Il s’agit cette fois d’établir une colonie de peuplement français permanent.

La direction est pourtant confiée le 15 janvier 1541 à Jean-François de la Rocque de Roberval, un protestant et homme de cours. Donacona est mort en 1539 en France. Sans attendre Roberval, qui n’avait pas encore reçu son artillerie, Jacques Cartier repart en mai 1541 vers l’Amérique du Nord. Il fait voile le 23 mai avec 5 navires, dont la Grande Hermine et l’Émerillon et 1.500 hommes. Après une traversée difficile, il arrive à l’emplacement de Stadaconé le 23 août 1541. Il remonte le fleuve et se fixe à l’extrémité occidentale du cap, à l’embouchure de la rivière du Cap-Rouge. Il fait édifier le fort de Charlesbourg royal, près de l’actuelle ville de Québec. Cette fois-ci, les rapports avec la population locale sont plus tendus. Pendant l’hivernage, les indigènes auraient tenu la colonie en état de siège et se seraient vantés d’avoir tué plus de 35 Français. En juin 1542, Cartier lève alors le camp en ayant pris soin d’accumuler or et diamant, puis décide de repartir vers la France. Il rencontre Roberval à Saint-Jean de Terre-Neuve qui était en train, lui, de revenir vers la Nouvelle-France.

Malgré cette rencontre, Jacques Cartier met le cap vers la France en n’écoutant pas Roberval qui lui dit de revenir à Québec. Car, parce qu’il croit transporter de l’or et des diamants ou parce qu’il ne veut pas revoir de nouveau les indigènes, Cartier profite de la nuit pour filer vers la France, privant ainsi Roberval de nécessaires ressources humaines et d’une expérience précieuse. Arrivé en France, il se rend compte que le minerai d’or n’était que de la pyrite de fer, et les diamants, du quartz, d’où le proverbe « faux comme diamants de Canada ». C’est aussi par dérision avec cette mésaventure que l’on a donné le nom de « Cap Diamant » au promontoire rocheux où se trouve actuellement le château Frontenac de la ville de Québec.

Finalement, cette troisième expédition se termine en demi-teinte. Surtout, Jacques Cartier a désobéi. Mais il semble qu’il n’ait pas été inquiété en raison de cette indiscipline. Toutefois, on ne lui confie plus d’expédition lointaine.

Retour à Saint-Malo

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Manoir de Jacques Cartier à Saint-Malo
Photo : N. Prévost

Sans doute très déçu tout de même, Jacques Cartier se retire dans son manoir de Limoëlou à Rothéneuf, qui existe toujours, à Saint-Malo. Il se consacre à son domaine, à la rédaction de ses Relations de voyages, il garde aussi d’après les témoignages toute sa joie de vivre, et figure très fréquemment dans le registre paroissial de la cité comme parrain. Avec parfois quelques précisions savoureuses. Ainsi, dans le registre paroissial de Saint-Malo, on peut lire, pour le baptême de Thomas Le Breton en date du samedi 15 octobre 1552 que la cérémonie a eu lieu en présence « de capitaine Jacques Cartier et autres bons biberons » !

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L’acte de baptême de 1552 où est mentionné le « capitaine Jacques Cartier »
Registre paroissial de Saint-Malo, Archives départementales d’Ille-et-Vilaine

Jacques Cartier meurt le 1er septembre 1557 âgé d’environ 66 ans. Ses restes, retrouvés en 1949 après les bombardements américains sur la ville de Saint-Malo, reposent aujourd’hui dans la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo, sous une dalle avec la simple mention « Jacques Cartier 1491-1557 ».

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Tombe de Jacques Cartier en la cathédrale de Saint-Malo
Photo : N. Prévost

Conclusion

François Ier a fait preuve d’un sens certain de la géopolitique en cherchant deux solutions concurrentes pour assurer les liaisons commerciales avec l’Asie. Si bien sûr la recherche de l’alternative maritime par le passage du Nord-Ouest n’aboutit pas, les relations diplomatiques et les accords commerciaux qu’il noue avec l’Empire ottoman seront plutôt durables. Son action pour contester le partage du monde entre les royaumes ibériques est également efficace.

L’expédition de Jacques Cartier, même si elle a un bilan mitigé (il ne ramène pas d’or et n’a pas fondé de colonie française permanente), est tout de même un certain succès, à la fois symbolique, mais aussi sur le plan de l’observation des nouvelles terres. Dans ses mémoires et relations parvenues jusqu’à nous, Cartier fait en effet preuve d’un très grand sens de l’observation et de la description peu égalé par ses contemporains. On y trouve l’émotion de la découverte, la perplexité qu’elle suscite, agrémentés du merveilleux qui l’auréole, et tout cela se combine chez Cartier avec un effort d’objectivité très novateur qui annonce déjà les écrits du « Grand Siècle ». Le Malouin n’évoque pas vraiment ses états d’âme mais son émotion se perçoit bien entre les lignes. Celui qui restera dans l’histoire comme le « découvreur du Canada », celui qui a aussi donné son nom au Canada et au fleuve Saint-Laurent, donne aussi de François Ier l’image d’un roi découvreur, d’un roi qui veut donner à la France toute sa place dans l’aventure des Grandes Découvertes, et qui préfigure 60 ans plus tard la fondation en 1608 de la ville de Québec par Samuel de Champlain, à la fin du règne d’Henri IV.

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Début du manuscrit de Jacques Cartier (second voyage)
BNF, Paris

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